FRÉDÉRIC MISTRAL

Le lien de Mistral à son village est un lien très fort. Mistral a un tel attachement à son village que lorsqu’il a besoin d’une citation pour qualifier le verbe « Etre » dans son dictionnaire, Lou Tresor dóu Felibrige, celle qu’il retient spontanément c’est « Siéu de Maiano » (« Je suis de Maillane »). De même, dans le poème « Moun Toumbèu » qui clôt Lis Oulivado, en 1907, il écrira, parlant de lui-même :

  • Mai éu restavo dins Maiano,
    E lis ancian dóu terradou
    L’an vist treva nòstis andano…

    "Mais lui demeurait dans Maillane,
    et les anciens du terroir
    l’ont vu fréquenter nos sentiers…"

De fait, Mistral n’a quitté que rarement son village. Il y est né, il y a vécu, il y est mort. Il invitait ses amis poètes aux fêtes du village, il a été conseiller municipal, il allait régulièrement faire sa partie de cartes au Café du Soleil et savait à l’occasion rendre de menus services à ses concitoyens.

D’ailleurs la présence de Mistral est très marquée dans le village, aussi bien par les trois maisons qu’il a successivement occupées (Mas du Juge, Maison du Lézard, Musée Mistral) que par l’église où il a été baptisé ou le cimetière dans lequel il repose et où l’on pourra lire les nombreuses épitaphes qu’il a rédigées pour ses amis maillanais…

BIOGRAPHIE

A la fin du chapitre qu’il consacre à l’achèvement de Mirèio, dans ses mémoires, Mistral écrit : Desenant moun istòri es aquelo de mis obro (« Désormais, mon histoire est celle de mes œuvres »). La chronologie ci-dessous tente de se conformer à cette perspective fondamentale, en insistant sur les données biographiques jusqu’en1859, puis sur les étapes majeures de sa carrière littéraire. Pour plus de détails, nous nous permettons de renvoyer à notre biographie Frédéric Mistral (Paris, librairie Fayard, 1993) ; rien ne saurait cependant remplacer la lecture des Memòri e raconte (« Mémoires et récits »), témoignage irremplaçable sur l’enfance et la jeunesse du poète, comme sur la genèse et la publication de Mirèio.

  • 1747. Naissance, à Saint-Rémy, d’Antoine Mistral, grand-père du poète, grâce auquel les Mistral vont devenir des « ménagers », exploitants agricoles de domaines conséquents, situés à Maillane (Bouches-du-Rhône) et dans la plaine de Beaucaire (Gard).
     
  • 1771. Naissance, à Saint-Rémy, de François Mistral, père du poète.
     
  • 1793. François Mistral participe à la campagne des armées républicaines, en Catalogne.
     
  • 1800. François Mistral épouse Louise Laville, dont la famille détient la charge notariale de Maillane. Ils auront deux enfants, Marie (née en 1801-1831) et Louis (né en 1807).
     
  • 1803. Les Mistral achètent le mas du Juge, entre Maillane et Saint-Rémy.
     
  • 1817. François Mistral entre au conseil municipal de Maillane : de sensibilité conservatrice, il y siègera jusqu’en 1832.
     
  • 1825. Mort de Françoise Mistral-Laville.
     
  • 1827. Mort d’Antoine Mistral. François Mistral hérite, en pleine propriété, du mas du Juge.
     
  • 1828 (26 novembre). François Mistral se remarie avec Adélaïde Poullinet, née à Maillane le 30 avril 1803, dans une famille aux attaches républicaines : son père a été maire de Maillane de 1808 à 1811.
     
  • 1830 (8 septembre). Naissance, à Maillane, de Joseph-Étienne-Frédéric Mistral. Enfance heureuse au mas du Juge, dont l’épisode le plus significatif est celui des fascinantes « fleurs de glais » (Memòri e raconte, chapitre I).
     
  • 1831. Mort de Marie Mistral, demi-sœur de Frédéric, qui avait épousé l’avocat Étienne Ferrand (1798-1880) et laisse trois enfants, qui héritent de ses droits à succession.
     
  • 1835. Mort des grands-parents maternels de Frédéric, Étienne Poullinet (né en 1760) et Anne Rivière (née en 1761).
     
  • 1839. Mariage de Louis Mistral (demi-frère du poète) et naissance de son fils François. La même année, après deux ans à l’école de Maillane (et un net penchant pour lou plantié, l’école buissonnière – autre souvenir marquant des Memòri e raconte, chapitre IV), Frédéric est mis au pensionnat de Saint-Michel de Frigolet.
     
  • 1841. L’établissement de Frigolet ayant fermé, Frédéric est envoyé à Avignon, au pensionnat Millet. Vers douze ans, suite à des accès de fièvre, sa mère le conduit au pèlerinage de Saint-Gens, au Bausset (près de Carpentras). A partir de 1845, il est logé au pensionnat Dupuy, où il se lie avec un surveillant, Joseph Roumanille (né à Saint-Rémy en 1818) : partageant la même passion, les deux amis oeuvreront ensemble, durant quasiment un demi-siècle, à la « défense et illustration » du provençal.
     
  • 1847. Après cinq années de brillantes études au Collège (= lycée) royal d’Avignon, Frédéric passe son baccalauréat, à Nîmes. Il revient ensuite à Maillane, où il suit, avec un enthousiasme juvénile, la Révolution de 1848 et les débuts (sous l’autorité de Lamartine, qu’il admire) de la Deuxième République. Il compose un poème « géorgique » en quatre chants, Li Meissoun (« Les Moissons »), qu’il gardera inédit toute sa vie.
     
  • 1848. Sa famille l’envoie à Aix, où il va être étudiant, pendant trois ans, à la Faculté de Droit, tout en continuant à fréquenter les milieux républicains. Il visite Marseille, et fait aussi un voyage à Toulon, peut-être jusqu’à Nice. En septembre 1850, il se rend à nouveau au pèlerinage de Saint-Gens. A l’été 1851, il obtient sa licence en droit.
     
  • 1851. Plutôt que d’embrasser la carrière d’avocat ou de s’orienter vers la politique active (dont le coup d’état de décembre 1851 l’écarte à jamais), Frédéric revient à Maillane où il va participer, aux côtés de son père, à la direction du mas du Juge. Et, reprenant un projet esquissé « voilà une année ou deux », dans lequel l’héroïne s’appelait déjà Mireille mais était une « belle vendangeuse », il met en chantier Mirèio.
     
  • 1852 - 1855. Il participe aux Congrès des poètes provençaux d’Arles (avril 1852) et d’Aix (août 1853) ainsi qu’aux publications collectives Li Prouvençalo (1852) et Roumavàgi deis Troubaires (1854). Au printemps 1854 (21 mai), avec Roumanille et plusieurs poètes amis d’Avignon et des alentours, il fonde le Félibrige. En 1855 paraît le premier Armana prouvençau, anthologie annuelle du jeune mouvement de renaissance linguistique et littéraire. Cette même année, Mistral achève une version complète de Mirèio.
     
  • 1855. Mort de François Mistral. Après un règlement difficile de la succession, Frédéric et sa mère doivent quitter le mas du Juge (qui revient à Louis) et s’installer dans le village de Maillane, à la « Maison au Lézard ».
     
  • 1856 - 1858. Mistral révise et enrichit Mirèio, dont il rédige la traduction française. A l’été 1858, il se rend à Paris, où Lamartine le reçoit avec une bienveillance qui le touche profondément.
     
  • 1859. En février, Mirèio sort des presses de l’imprimerie Séguin, à Avignon, sous la marque de la librairie Roumanille. De mars à juin, Mistral est à Paris, pour le lancement de son livre, bien accueilli par la critique, surtout après le retentissant Quarantième Entretien que Lamartine lui consacre, en mai, dans son Cours familier de littérature.
     
  • 1859 - 1864. L’oeuvre poursuit sa carrière, brillamment : à l’automne 1859, une nouvelle édition paraît à Paris, chez Charpentier ; en 1861, le poème est distinguée par l’Académie Française (notamment grâce à l’appui de Vigny) et en 1863 Gounod entreprend d’en tirer un opéra (sur un livret de Michel Carré), créé en mars 1864 à Paris, au Châtelet. La même année est publiée à Barcelone, une première traduction intégrale, en catalan.
     
  • 1859 - 1866. Sur la lancée de Mirèio, Mistral compose son deuxième grand poème, Calendau (« Calendal »), qui témoigne d’un nouveau progrès dans la maîtrise poétique et exprime un « nationalisme » provençal très volontaire. L’oeuvre reflète aussi une période d’enthousiasme, marquée par les premiers statuts du Félibrige, l’établissement de relations avec les écrivains catalans (au premier rang desquels Victor Balaguer) et la part très active prise aux publications des recueils de ses amis Théodore Aubanel (La Mióugrano entre-duberto, « La grenade entr’ouverte », 1860) et Anselme Mathieu (La Farandoulo – « La Farandole », 1862). Seule ombre au tableau, en ces années-là, le suicide de son neveu François (1862), qui inspirera à Daudet le sujet de L’Arlésienne.
     
  • 1867. Publication (à Avignon, chez Roumanille) de Calendau, qui essuie un échec auprès de la critique et du public. Ce poème n’aura guère de chance,  non plus, du côté de l’opéra : Bizet, qui s’y était intéressé, mourra, assez jeune, en 1875, et l’adaptation lyrique n’interviendra qu’en 1894, sous la baguette bien terne d’Henri Maréchal.
     
  • 1867 - 1874. Malgré la poursuite des relations avec la Catalogne (où il se rend au printemps 1868), Mistral demeure profondément affecté par l’incompréhension de Calendau. Il connaît une période de doute qui, après la défaite de 1870 et la Commune de 1871, se change en dépression angoissée. En 1873, son demi-frère Louis se suicide en se jetant dans le Rhône, et Valentine Rostand (1847-1903), une jeune Bourguignonne avec laquelle il entretenait une liaison depuis plusieurs années, met un terme définitif à tout projet de mariage. Écrivant très peu de poèmes, Mistral se replie sur le labeur prosaïque et astreignant de son monumental dictionnaire provençal-français, Lou Tresor dóu Felibrige.
     
  • 1875 - 1879. La confiance revient progressivement : en 1875, Mistral se fait construire une maison, à Maillane (l’actuel Museon Frederi Mistral) ; en 1876, il rassemble vingt-cinq ans de poésies diverses – composant un ensemble imposant, par sa variété et sa maîtrise technique - dans le recueil Lis Isclo d’Or (« Les Iles d’Or ») et, le 27 septembre de la même année, à Dijon, il épouse Marie Rivière, Bourguignonne elle aussi (1857-1943). En 1877, il dote le Félibrige de statuts officiels ; surtout, il compose le poème hautement symbolique Lou Lioun d’Arle (« Le Lion d’Arles »). En 1878-1879, il entame l’impression et la diffusion du dictionnaire.
     
  • 1880 - 1884. Mistral travaille à un nouveau poème d’envergure, Nerto (« Nerte »), qu’il achève peu de temps avant la mort de sa mère (25 août 1883). Le livre est publié au printemps 1884, à Paris, chez Hachette : il obtient un joli succès de presse, le prix Vitet de l’Académie Française, et Massenet songe à tirer un opéra (Nerto sera finalement portée à la scène par le compositeur et organiste Charles-Marie Widor, en…1924 !)
     
  • 1885 - 1890. Mistral mène à bonne fin des chantiers engagés de longue date : la publication du Tresor (1886 – qui obtient en 1890 le prix Jean-Reynaud, de l’Institut de France), l’édition définitive des Isclo d’Or (à Paris, chez Lemerre, en 1889), enfin la tragédie de La Rèino Jano (« La Reine Jeanne » - 1890).
     
  • 1891 - 1896. Nouvelle phase dynamique : Mistral lance le journal provençal L’Aiòli (qu’il portera à bout de bras jusqu’en 1899), effectue un voyage en Italie (assombri par l’annonce de la mort de Roumanille) au printemps 1891, et, surtout, compose ce qui sera son dernier grand texte poétique – et son chef-d’œuvre, de l’avis de beaucoup - Lou Pouèmo dóu Rose. Celui-ci paraît en 1896, chez Lemerre, à Paris, et reçoit, en 1897, le prix Née de l’Académie Française – compagnie à laquelle Mistral, malgré des sollicitations de plus en plus insistantes, refusera toujours d’être candidat.
     
  • 1899. Inauguration, à Arles, du Museon Arlaten, « un poème en action », écrit Mistral qui, depuis plusieurs années, consacre énergie et argent à enrichir les collections ethnographiques de ce musée de la Provence.
     
  • 1904 (décembre). Mistral est lauréat du prix Nobel de littérature, qu’il partage avec le poète et dramaturge espagnol José Echegaray. Il affecte la quasi-totalité des fonds à l’acquisition et à l’aménagement, pour son musée, du palais de Laval, à Arles.
     
  • 1906. Parution des Memòri e raconte (« Mémoires et récits », Plon, Paris), ainsi que d’un choix de discours (Discours e dicho, chez Roumanille, à Avignon).
     
  • 1910. Publication (à Paris, chez Champion) de la traduction provençale du premier livre de la Bible, La Genèsi.
     
  • 1912. L’ultime recueil de poèmes - qui porte le nom de la dernière récolte annuelle - Lis Oulivado (« Les Olivades ») voit le jour à Paris, chez Lemerre. Y sont réunies les poésies composées durant les deux décennies précédentes (en particulier lors des années fastes 1906-1907), remarquables d’aisance et de virtuosité technique.
     
  • 1913. Jouissant d’une popularité considérable (attestée déjà par l’édification de sa statue à Arles, en 1909, et par la bénédiction du pape Pie X, en 1910, à l’occasion de la seconde édition de Nerto), Mistral est acclamé à Aix en mai, puis à Saint-Rémy en septembre pour le cinquantenaire de l’opéra de Gounod ; en octobre, il reçoit la visite, à Maillane, du Président de la République, Raymond Poincaré.
     
  • 1914. Frédéric Mistral meurt à Maillane, le 25 mars.

Cette Chronologie mistralienne est celle parue en tête du dossier documentaire de l’édition de Mirèio (Mireille - texte provençal intégral et traduction française), aux éditions Librairie contemporaine (Place du 11 novembre, BP 10, 30150 Montfaucon), en 2008. Elle est ici reproduite avec l’accord de son auteur (Claude Mauron, professeur à l’Université de Provence, Aix-Marseille I et auteur, par ailleurs, d’un Frédéric Mistral paru chez Fayard en 1993, qui fait autorité) ainsi que de l’éditeur (Clément Serguier).

Signalons, également aux Editions de la Librairie contemporaine, une anthologie de textes de Frédéric Mistral, portant sur la nourriture et la cuisine, réunis et présentés par Henri Moucadel (La Taulo e l’Oustau, Contes gourmands, suivi d’un index de gastronomie provençale. 2007.).

Œuvres

L’œuvre de Mistral, couronnée en 1904 par le Prix Nobel de Littérature, est essentiellement une œuvre poétique.

Cette œuvre, marquée par le romantisme, mais ayant conservé (privilège de la langue provençale et du génie mistralien) une fraîcheur exceptionnelle, relate le plus souvent des histoires d’amour impossible. C’est le cas de Mirèio, de Nerto, de La Rèino Jano, du Pouèmo dóu Rose…

Mais au-delà de la fiction littéraire, l’œuvre mistralienne est marquée par un souci ethnographique et « patriotique » évident. Il s’agit, pour Mistral, de décrire la Provence dans toute sa diversité géographique et historique.

C’est ainsi que Mirèio, au travers des amours de Vincent et Mireille, évoquera la Provence rhodanienne et paysanne,  Calendau décrira la Provence maritime, Nerto, l’Avignon du temps des Papes, et le Pouèmo dóu Rose, enfin, dans la fiction étrange des amours de l’Angloro et de Guilhem, déroulera toute cette antique traditon de batellerie de halage qui faisait du Rhône un revoulun de vido, un « tourbillon de vie » avant l’apparition de la batellerie à vapeur.

L’œuvre de Mistral, au-delà de sa qualité poétique remarquable, peut se définir également comme une œuvre de « sauvacioun », de sauvetage. Il s’agit d’empêcher de tomber dans l’oubli définitif un pays, une langue, des traditions, des modes de vie… Et de ce point de vue, la création du « Museon Arlaten », en 1899, premier véritable musée ethnographique de France, peut être considérée comme le point d’orgue de cette œuvre.

Autre élément capital de ce travail de sauvetage : le projet monumental du Tresor dóu Felibrige, le grand dictionnaire « embrassant les divers dialectes de la langue d’oc moderne », dictionnaire, certes, mais aussi véritable encyclopédie historique, géographique et culturelle.

Ajoutons également deux recueils de poésie : Lis Isclo d’Or et Lis Oulivado, sans oublier de signaler l’œuvre en prose, œuvre de publiciste d’abord, avec l’Armana Prouvençau et l’Aiòli, puis les Discours e Dicho où se déploie toute l’activité militante de Mistral au sein du Felibrige, et surtout Memòri e Raconte où Mistral évoque, dans une prose magnifique, son enfance, sa jeunesse, la création du Felibrige, ainsi que le projet et l’écriture de Mirèio…

Les 3 maisons

Frédéric Mistral, dont l’attachement au village de Maillane était bien connu, a résidé dans trois demeures successives.

Il est né en 1830 au Mas du Juge, propriété agricole qui se trouve au sud-est du village et dont son père avait hérité en 1827. C’est là, au milieu des travailleurs du mas qu’il passa son enfance et sa jeunesse. C’est là également que se situent les épisodes fameux des « Flour de Glaujo » et de la » Rintrado au Mas » qu’il évoque dans ses Memòri e Raconte.

En 1855, à la mort de son père, le Mas du Juge se retrouve dans la part de son demi-frère Louis, et Mistral et sa mère vont alors habiter dans une petite maison au sud du village, maison que son père lui avait transmise, à laquelle il donnera plus tard le nom de « Maison du Lézard » et sur laquelle il fera placer un cadran solaire avec cette inscription :

  • Gai lesert, béu toun soulèu, l’ouro passo que trop lèu e deman plóura belèu.
    " Gai lézard, bois ton soleil, l’heure ne passe que trop vite et demain il pleuvra peut-être. "

C’est dans cette maison qu’il terminera Mirèio (œuvre commencée au Mas du Juge) et qu’il écrira Calendau.

En 1876, Mistral se marie et s’installe, avec son épouse Marie Rivière, dans une maison qu’il vient de faire construire, qui se trouve juste devant la  « Maison du Lézard » et qui deviendra, après sa mort en 1914 et celle de Madame Mistral en 1943, le Musée Mistral.

Ultime demeure : le tombeau qui se trouve dans le cimetière de Maillane et que Mistral fit construire de son vivant (1906 – 1907) d’après le modèle du « Pavillon de la Reine Jeanne » aux Baux-de-Provence. En 1907, Mistral écrivit un poème, publié ensuite dans Lis Oulivado, qui a pour titre « Moun Toumbèu » et qui commence par ces vers :

  • Souto mis iue vese l’enclaus E la capoucho blanquinello
    Ounte, coume li cacalaus, M’aclatarai à l’oumbrinello…
    " Sous mes yeux je vois l’enclos et la coupole blanche
    où, comme les colimaçons, je me tapirai à l’ombrette… "

Mistral et Maillane

Le lien de Mistral à son village est un lien très fort. Mistral a un tel attachement à son village que lorsqu’il a besoin d’une citation pour qualifier le verbe « Etre » dans son dictionnaire, Lou Tresor dóu Felibrige, celle qu’il retient spontanément c’est « Siéu de Maiano » (« Je suis de Maillane »). De même, dans le poème « Moun Toumbèu » qui clôt Lis Oulivado, en 1907, il écrira, parlant de lui-même :

  • Mai éu restavo dins Maiano,
    E lis ancian dóu terradou
    L’an vist treva nòstis andano…

    "Mais lui demeurait dans Maillane,
    et les anciens du terroir
    l’ont vu fréquenter nos sentiers…"

D’ailleurs la présence de Mistral est très marquée dans le village, aussi bien par les trois maisons qu’il a successivement occupées (Mas du Juge, Maison du Lézard, Musée Mistral) que par l’église où il a été baptisé ou le cimetière dans lequel il repose et où l’on pourra lire les nombreuses épitaphes qu’il a rédigées pour ses amis maillanais…